Description

[Juillet 1925], 2 pages in-4

 » Je vous aime tous les deux et je vous écris pour vous le dire en deux petits mots très courts…

Je me repose en pensant que vous êtes deux anges chéris et que vous serez bientôt des anges chrétiens, ce qui sera infiniment beau.

Je ne peux pas analyser le sentiment qui me prend ici : l’horrible poids de la destinée qui m’interdit des lieux où l’on pèche, les monastères orgueilleux et pompeux et les villes où l’on blesse les âmes tous les soirs sans le vouloir. La satisfaction de la paix des champs dans leur laideur, et la joie des visages doux de la maison, l’horreur de tous ces malheurs qu’on touche : les veuves, les parents pauvres, les maladies, les infirmités que le voyage oublie si vite dans sa vie d’esthète. Si je puis travailler, je resterai ici pour la pénitence de mes fautes. Au fond, j’aime ces gens. J’ai des amis, ici… »

MAX

Avec deux post-scriptum,

l’un promettant l’envoi de la nouvelle gouache qu’il va faire, l’autre évoquant la mort d’Erik Satie:

  » Oh! Satie ! Cauchemar ! Le célibat et le désordre qui se paient. Mourir seul ! Seul ! Sans enfants. « 

Le compositeur venait de décéder à Paris le 10 juillet 1925.

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Max Jacob, (1876 – 1944 (tué à Drancy ) , poète, romancier , peintre , oblat séculier.

ref:cla/litt