1812 et 1813
CAMPAGNE DE RUSSIE
FAUVEL
SOLDAT DE NAPOLEON
Ensemble de 5 documents et lettres autographes
Rare témoignage
d’un soldat de la Grande Armée
pendant la Campagne de Russie
______________________
Franchise Grande Armée
______________________
( Nous vivons sa fierté , sa confiance,
son courage, son amour pour l’Empereur,
il sera prisonnier, blessé et décèdera de ses blessures..)
mais d’abord marchons avec le 84ème vers Moscou ..!
Vendu
1600€
Vendu
Description
Rare témoignage d’un soldat de la Grande Armée pendant la Campagne de Russie, de mars à
août 1812.
Sur la longue route vers Moscou, nous traversons l’Allemagne, la Pologne et la Bielorussie, route parsemée de marches, d’espoirs et de batailles…
• La première lettre (légère déchirure à l’ouverture), en date du 12 mars 1812, est écrite de
Ratisbonne, (sud de l’Allemagne) et relate l’entrée de la Grande Armée dans Munich et
Ratisbonne : « Munich la belle s’est montrée à nos yeux le trois au matin et à midi nous y
avons fait notre entrée au nombre de dix huit mille hommes tant infanterie que cavalerie.
[…] Le cinq au matin, nous avons continué notre route et le 10 nous sommes arrivés à
Ratisbonne, ville hélas trop longtemps victime de l’inhumanité des hommes. La partie de la
ville qui fut brûlée dans la dernière campagne est totalement rebatie, cette ville semble
avoir perdu toute sa splendeur, elle est déserte et mourante. Le Danube qui la traverse m’a
semblé etre encore gros des larmes des bons Bavarois. ». Il raconte son hébergement chez
un chanoine, qui lui soigne son rhume et lui offre une somptueuse table. « Nous partirons
de Ratisbonne le 16 et nous nous dirigerons sur Dresde capitale de la Saxe.[…] Puissè-je
revenir dans tes bras le front couronné des lauriers de la victoire.[…] Le Général Junot
commande notre corps d’armée sous les ordres du vice-roi [Eugène de Beauharnais].
Demain il doit nous passer en revue. Mon adresse est au 84e régiment 1ere division du 4e
corps de la grande armée. ».
• La deuxième lettre (légère déchirure à l’ouverture) est datée de Plonsk (Pologne, non loin de
Varsovie) le 30 mai 1812 : il rassure son père, raconte les batailles et évoque Eugène de
Beauharnais et Napoleon : « avant peu je te verrai, au café, lire avec avidité les bulletins qui
contiendront les hauts faits de la grande armée ; tu te réjouiras de mes victoires, tu diras
« mon fils y était. » […] Il est un Dieu qui ne m’abandonnera pas et qui veillera sur moi au
milieu des baïonnettes hérissées pour déchirer mon sein. Nous avons quitté nos
cantonnements de la Silésie le 29 avril et le 30 au soir j’ai couché en Pologne. Le 31 […]
nous avons reçu l’ordre de rétrograder et de reprendre nos anciens cantonnements. Et le 9
mai nous les avons quittés pour la seconde fois pour nous porter sur la ligne où nous
brûlions tous du désir de nous mesurer avec notre ennemi. Nous avons passé la Vistule il
y a quatre jours et quelques heures après le vice-roi [Eugène de Beauharnais] nous a
passés en revue. […] Je suis à 14 lieues en avant de Varsovie. […] Plus des trois quarts de
l’armée sont déjà sur la ligne […] Nous attendons l’Empereur avec impatience on nous le
promet de jour en jour […] La guerre ne sera pas longue, une belle bataille et nous irons
(?) tout droit à St Petersbourg. Au lieu de quarante mille Polonais que l’Empereur croyait
avoir il s’en trouve cent mille qui ont quitté leur maison pour le servir (?) sous ses
étendards […] »
• La troisième lettre (légère déchirure à l’ouverture) est datée de Witepsk (Vitebsk,
Bielorussie), le 12 août 1812. Le sous-lieutenant narre avec fierté ses faits d’armes avec
Murat, Eugène de Beauharnais et Napoleon et sa promotion au grade de Chevalier de la
Légion d’Honneur : « La lettre de mon souverain qui m’autorise à porter cette croix dont
sont décorés trois cent mille braves est arrivée. J ‘étais proposé pour la décoration […]
Elle est attachée sur mon coeur, n’en sortira qu’à mon dernier soupir. C’est après six mois de
marche jour pour jour que j’ai vu l’ennemi. Accompagné du roi Murat et du vice roi
[Eugène de Beauharnais], nous marchions sur Witepsk lorsque notre avant-garde qui nous
précédait de beaucoup s’engagea vivement avec l’ennemi que nous n’attendions pas. Là,
le général qui la commandait envoya aide de camp sur aide de camp pour hâter notre
marche mais malgré toute notre diligence nous arrivâmes trop tard et notre avant-garde eut
l’honneur de la journée, c’était le 25. […] L’ennemi nous attendait plus loin du lieu où la
veille il avait été culbuté. Nous parcourûmes en peu d’heures cette route couverte de
morts […] et nous arrivâmes à hauteur de l’ennemi […] La bravoure française se
surpassa, l’ennemi fut culbuté […] malgré les retranchements inexpugnables que lui
offrait la nature […] J’attendais tout de ma bonne fortune lorsque à trois heures apres
midi, le plomb meurtrier de l’ennemi vint me frapper, une balle tirée pour mon bonheur
tres doucement, vint rencontrer ma jambe droite et s’arrêta entre l’os et le bas. Ma jambe
enfla, quelques goutes de sang sortirent mais ne me firent pas sortir des rangs – une légère
paleur couvrit pour un moment mes joues mais peu à peu je repris vigueur et ne pensai plus
qu’à la victoire qui ne chancela pas un moment. L’Empereur, que nous n’attendions pas,
arriva, et s’ecria en passant « vive le 84ème !». L’ennemi n’eut de repos que le 27 à 3
heures après-midi, au moment où il a effectué sa retraite ne voulant pas accepter la
bataille que l’Empereur lui proposait. Ma jambe est bien guérie mais mon estomac est bien
malade. Je mange du pain si mauvais et de l’eau si malsaine. […] Notre colonel demanda
de suite 44 croix pour son régiment, mais l’Empereur lui fit savoir qu’il n’en donnerait que
16. et j’ai eu le bonheur d’être de ce nombre.
Fauvel, chevalier de la légion d’honneur. »
• Le quatrième document est une pièce signée du Capitaine Menu relative au sort du souslieutenant
Fauvel, dont les parents s’inquiètent : « par votre lettre du 13 mai courant vous
demandez au Conseil d’administration du 84ème régiment des nouvelles de Monsieur
Fauvel officier de grenadier. Il me charge de vous prévenir, Messieurs, que cet officier est
resté malade a Koenisberg [aujourd’hui Kaliningrad] lors de la retraite de l’armée venant
de Moskou, il est probable qu’il est prisonnier de guerre, mais on ne peut dans ce moment
donner des renseignemens plus positifs. Le Capitaine au 84ème régiment MENU»
• Le cinquième document est une pièce autographe signée du sous-lieutenant Lemaire,
camarade de Fauvel, qui annonce la mort de ce dernier : « Monsieur, j’ai l’honneur de vous
annoncer que j’ai été fait prisonnier de guerre le 25 décembre 1812 avec M. votre fils
lieutenant au 84ème régiment, je vous annonce aussi avec chagrin que je l’ai vu mourir à
mon côté. Colpin lieutenant au 11ème de cuirassier s’est emparé de sa croix et d’un portrait
qu’il m’a dit de vous renvoyer […] LEMAIRE ».
On joint l’attestation de décès de Fauvel rédigé par Joseph Lemaire , son compagnon d’arme, qui évoque les circonstances de l’arrestation et du décès de Fauvel à Insterbourg (aujourd’hui Tcherniakhovsk), victime d’une amputation et de fièvres.
(Toute reproduction même partielle interdite sans autorisation)