André GIDE – Lettre autographe signée à Francis JAMMES

Lettre autographe signée 

André GIDE

andré gide

Consolations à Francis Jammes

dans les affres d’un deuil.

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UGS : PP6993084 Catégorie :

Description

27 juillet (1905) . 3 pp. in-8.

Cuverville (Seine-Maritime)

« Mon ami, ta lettre me consterne, me prosterne. Est-ce donc la que devait aboutir tant d’espoir ! Je me refusais à la croire ; je voulais n’avoir pas compris… Mon ami, mon pauvre ami. — Je ne t’envoie aujourd’hui que mes larmes.

Sans doute de pieuses fleurs avaient soif de tes larmes et les attendaient pour éclore comme une céleste rosée. Tu auras senti douloureusement que certaines pensées ne peuvent s’abreuver aux tristesses ordinaires; celles-ci ruissellent de haut.

Je voudrais être près de toi… Je sais que tu trouverais plus d’appui dans mon silence que dans ces balbutiantes paroles, et si l’on pouvait écrire une lettre toute de silence et d’interrogations, c’est celle-là que je t’écrirais.

Je trouve quelque repos à penser que Claudel est auprès de toi; c’est entre tous celui qui… J’ai longtemps balancé si je chercherais à le voir, à Paris ; j’aurais voulu savoir certainement, d’abord, que je ne l’importunerais pas.

Puis il me semblait que je n’aurais bien pu le recevoir que dans certaine pièce secrète, dont j’ai perdu la clef depuis longtemps, mais que tu sais que je cherche à rouvrir... Ah ! cher ami, je ne me sens même pas triste, mais grave, grave, et me redis ces mystérieuses paroles où je me suis naguère tout ébloui : « Non acceperunt repromissionem, Deo pro nobis melius aliquid providente, ut non sine nobis consumarentur » [citation de l’Epitre aux Hébreux de saint Paul, 11, 39-40 : « Ils  n’ont pas obtenu l’objet de la promesse parce que Dieu nous a fait une condition meilleure pour qu’ils n’obtinssent pas sans nous la perfection du bonheur »] . Je t’embrasse fraternellement et songe péniblement à ta mère… Dois-je te dire combien amicalement ma femme s’émeut à la nouvelle de ton deuil ?… « 

André Gide

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Gide et Jammes, une longue amitié faite d’admiration et d’incompréhension.

Très proche dès 1893, Ils se fréquentèrent assidûment, séjournant ensemble en Algérie (1896), chez André Gide en Normandie (1897-1898) et à Paris (1900).

Mais Francis Jammes manifesta une certaine incompréhension pour des œuvres d’André Gide  qui émit lui aussi des critiques d’ordre littéraires sur des textes de Francis Jammes, puis le retour à la religion en 1904 de ce dernier les éloigna d’avantage.

En 1904 leurs relations cessèrent presque tout à fait , cette lettre est en contradiction avec ce fait.

 

ref:cl/lit