[Campagne de Pologne] – 1807
Lettre autographe signée
Louis-Nicolas Davout
Maréchal d’Empire
à sa femme
EXTRAORDINAIRE lettre du Maréchal Davout
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CAMPAGNE de PRUSSE et de POLOGNE
« .. NOUS SOMMES ICI COMME DANS LA PLUS PROFONDE PAIX ET IL N’Y A PLUS D’APPARENCE QUE LES RUSSES PENSENT À LA TROUBLER.. IL LEUR EN COUTERAIT TROP… «
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Description
Lettre autographe signée à son épouse Aimée Leclerc.
Osterode [actuellement Ostróda en Pologne], 16 avril [1807].
« Je reçois ta lettre du 3 avril, ma bien bonne petite Aimée. Je ne conçois point comment tu ne m’as pas encore fai[t] un mot de réponse sur la prière que je t’ai faite de louer un hôtel à Paris. Je désire que tu prennes ce parti-là. La petite maison de l’Orangerie [les Davout occupaient alors ce logement, aux Tuileries] n’étant plus tenable, tu aurois trop à souffrir du bruit des ouvriers dans le moment de tes couches pour que je ne désir[asse] point vivement t’en voir sortir. Je serais plus tranquille si tu te rendais à mes réitérées sollicitations.
Il ne faut pas conclure de mon changement de quartier général qu’il y ait des événements de guerre, NOUS SOMMES ICI COMME DANS LA PLUS PROFONDE PAIX ET IL N’Y A PLUS D’APPARENCE QUE LES RU[S]SES PENSENT À LA TROUBLER: IL LEUR EN COUTERAIT TROP.
Je suis venu ici, l’empereur en étant parti, parce que j’en ai eu l’autorisation, Ditterswald étant un mauvais endroit [le maréchal Davout était auparavant cantonné à Dietrichswald, actuellement Gietrzwałd en Pologne, près d’Olsztyn]. Je te donne ces explications sachant, ma petite Aimée, que tu es ingénieuse à te tourmenter.
J’ai reçu hier une lettre de ce pauvre général Dumas qui m’annonce la mort de sa femme [Mathieu Dumas venait de perdre son épouse Adélaïde Julie Delarue]. C’est une grande perte pour lui et toute sa famille. J’ai eu une lettre de mon beau-frère [le frère de la maréchale Davout, le général Nicolas-Marin Leclerc Des Essarts, chef de l’état-major de la division Friant dans le 3° corps de la Grande Armée] du 29 mars,
il me mande: «Est-ce que vous avez parlé de moi à S[a] M[ajesté]? Vous avez mandé à ma sœur que j’aurais bientôt ce que je désirais». Il me semble, ma petite Aimée, ne t’avoir point écri[t] cela ; j’ai pu te mander que je profiterais de la 1″ occasion pour exprimer ce désir et qu’il ne dépendrait pas de moi qu’il ne füt bientôt réalisé, mais voilà tout le fait est que j’ai eu occasion de parler de Beaumont, que L’EMPEREUR regrette que sa mauvaise santé l’ait empêché de faire la campagne, mais je n’ai pas eu l’occasion de pousser plus loin la conversation.
J’ai vu avec plaisir que l’empereur était convaincu du mauvais état de santé de mon beau-frère.
Les détails que tu me donnes sur notre Joséphine me sont d’autant plus agréables que je vois quelle te fai[t] passer des moments heureux et que tu es sans inquiétude sur les suites de sa dentition. J’envoie mille caresses à cette chère petite. J’ai rempli tes intentions pour la jument laissée à Francfort-sur-le-Mein Lorsque tu recevras cette lettre elle sera dans un herbage à Mayence et là elle y attendra mes deux autres juments que j’ai envoyées à Berlin. [Le maréchal Davout traite ensuite d’un projet d’acquisition de maison avec prés, et d’un possible envoi de fonds de sa part vers le 20 mai.] … Peut-être que d’ici à cette époque j’aurai l’occasion de parler à L’EMPEREUR de tes embarras et de ta gêne. S’il y avoit jamais nécessité de l’entretenir de cela je le ferais, connaissant sa bienveillance, ainsi tu peux acheter cette maison… Tu as pris le bon parti de ne pas paraitre vouloir l’acheter, c’est le moyen d’en faire l’acquisition à sa juste valeur… J‘imagine que tu n’oublies pas de toucher mes appointements de maréchal qui sont de 3333 f. 33 c. par mois. Je t’ai laissé une autorisation à cet égard. Je ferai tes commissions près de Desessart.
NOUS IGNORONS ICI SI LES INTENTIONS PACIFIQUES DE NOTRE EMPEREUR PRÉVAUDERONS SUR LES INTRIGUES DE NOS ÉTERNELS ENNEMIS, MAIS DANS TOUS LES CAS NOUS SOMMES PLUS EN ÉTAT QUE JAMAIS DE LES FAIRE TRIOMPHER PAR NOS ARMES les armées sont plus nombreuses, bien disposées et bien reposées, et pour ce qui regarde le corps d’armée que je commande, il est, comme tous les autres, animé… du meilleur esprit et en outre il y a 3 régiments de plus.
Mille choses à ta bonne mère et à M[ADAM]E FRIAND. TRANQUILLISE-LA SUR SON MARI QUI, NE POUVANT FAIRE LA GUERRE AUX RUSSES, LA FAIT AU GIBIER DU PAYS [le beau-frère de la maréchal Davout, le général Louis Friant, qui s’illustra à Eylau à la tête de l’avant-garde du 3° corps].
Pour toi, ma chère petite Aimée, reçois mille et mille baisers de ton amoureux et fidèl[e] sposo [fidèle époux, en italien]
L. DAVOUT »
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