Jules FERRY – Lettre autographe signée à un ministre – 1889

1889

Belle lettre politique autographe signée

Jules FERRY

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à un ministre 

« Je lis dans les journaux bien informés

qu’après avoir pris le parti tout naturel

de déchirer les affiches qui accolent

mon portrait à celui de Boulanger … »

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UGS : PP9793344 Catégorie :

Description

Saint-Dié-des-Vosges,
18 août 1889.
2 pp. in-8, en-tête imprimé « Chambre des députés »

Belle lettre politique dans laquelle Jules Ferry proteste contre l’utilisation de son image associée à celle du général Boulanger, alors qu’il avait été à la pointe du combat républicain contre les partisans de celui-ci. Jules Ferry menait alors campagne à Saint-Dié pour les élections législatives de septembre-octobre 1889 – qu’il perdrait.

«Je lis dans les journaux bien informés qu’après avoir pris le parti tout naturel de déchirer les affiches qui accolent mon portrait à celui de Boulanger, la Préfecture de police, tremblant devant M. Millerand, a autorisé l’affichage, sous le prétexte profondément Jesuitique que cette accolade, si outrageante pour moi, cache un concetto à vrai dire « ni l’un ni l’autre ».
Je proteste contre un acte de faiblesse. M. Millerand excelle en toute escobarderie, mais il faut être sot ou complice pour admettre que le portrait, justement considéré comme une bravade, un outrage à l’arrêt de la Haute-Cour [Boulanger avait été condamné par contumace le 14 avril 1889], devienne innocent et inoffensif par l’adjonction d’une devise contenant un outrage manifeste contre un tiers.
Je proteste contre l’outrage qui m’est personnel. Auriez-vous laissé coller sur les murs mon portrait et celui de Pranzini [l’assassin Henri Pranzini, guillotiné en 1887] ?
La loi positive ne le défend pourtant pas. Quant à l’image du général – en costume de général de division-, lui, le condamné, le dégradé de la Haute-Cour ! Les boulangistes la prendront, en dépit de la devise, comme une réhabilitation.
Je les connais, nos boulangistes. J’en ai ici 600 sur les bras. Ce sont des brutes violentes qui n’entendent rien aux malices de M. Millerand, qui font leurs prières devant le portrait de leur Messie, et qui le croiront de retour à moitié s’ils le revoient en épaulettes.
En vérité ! quelle serait cette logique ? Vous défendez de le mettre en vente, de le coller aux vitrines, et vous le respecteriez parce que du portrait de Boulanger mes ennemis trouvent le moyen de me faire un sanglant outrage. L’outrage à Ferry excuserait et ferait passer l’outrage à l’arrêt de la Haute-Cour ? Ce serait à la fois bête, lâche et perfide…
je me place sous votre protection mon cher ministre.. »

(signé) Jules Ferry

 

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